Somatochlora arctica

Somatochlora arctica (Zetterstedt, 1840) : la cordulie actique

Après plusieurs années d'attente j'ai enfin croisé le chemin de cette espèce dans une tourbière des Hautes Vosges. La rencontre a été furtive, après quelques minutes ce mâle qui partouillait aux abords d'une gouille presque assechée a été chassé par un mâle d'Aeshna cyanea et n'est plus revenu. 

Ce n'est que 5 ans plus tard que je vais la rencontrer à nouveau sur une superbe tourbière du Jura, et pouvoir observer le comportement de plusieurs mâles territoriaux ainsi qu'une femelle en ponte. 

Par rapport aux deux espèces de cordulies largement répandues (métallique et bronzée), S. arctica dénote par sa petite taille, sa couleur sombre paraissant quasiment noire de loin sur laquelle le vert brillant métallique des yeux tranche. De plus près on notera l'abdomen en forme de fuseau du mâle et les appendices arqués en forme de pince. La femelle a un abdomen uniformément épais. La distinction avec sa proche parente S. alpestris est beaucoup plus délicate sans une observation en main, ou d'un individu posé. 

Le nom de l'espèce trahit ses affinités pour les régions froides. On ne pourra la rencontrer que sur des tourbières à sphaignes où elle occupe les zones d'eau libre relictuelles (les gouilles), dans lesquelles elle pond et effectue son cycle biologique. Les conditions météorologiques font que le développement larvaire s'y déroule sur plusieurs années. Elle occupe aussi des eaux stagnantes acides et oligotrophes. En France elle est présente dans les massifs montagneux à l'exception des Pyrénées, ainsi que dans les Ardennes où elle est très menacée par le réchauffement climatique. Elles est plus présente dans les Vosges, le Jura et les Savoie.

Sa rareté lui vaut une protection et un suivi national.