Coenonympha darwiniana

Coenonympha darwiniana (Staudinger, 1871) :  Le Céphalion

Cette espèce a été décrite il y a déjà longtemps, et depuis son statut a fait couler beaucoup d'encre ! En effet, elle semble intermédiaire entre Coenonympha arcania et C. gardetta, et selon les auteurs elle a été considérée comme "bonne espèce", comme essaim hybride entre les deux autres ou comme sous-espèce de l'un ou l'autre. Les apports de la génétique n'ont pas permis de trancher avec certitude, même s'ils ont confirmé une différence entre les 3 entités. 

Les critères distinctifs de C. darwiniana sont : une bande blanche sous l'aile postérieure plus étroite et régulière que chez C. arcania. Toujours par rapport à C. arcania, les ocelles sont cerclés de jaune et pas de orange, et disposés en arc régulier, y compris celui le plus en haut. Par rapport à C. gardetta, les ocelles sont "à côté" de la bande blanche, alors qu'ils sont nettement dans le blanc chez gardetta

Le bastion de l'espèce est dans les Alpes de Suisse, pour la France elle est présente dans les Alpes du Sud, des Alpes Maritimes au Queyras, à des altitudes généralement proches de 2000m. 

 

Coenonympha hero

Coenonympha hero (Linné, 1762) : Le Fadet de l'Elyme, le Mélibée.

Cette très belle espèce a connu un effondrement dramatique de ses populations dans la 2e moitié du 20e siècle. Autrefois présent dans tout le quart nord-est du pays, les dernières populations dignes de ce nom subsistent dans le massif jurassien, avec quelques isolats récemment redécouverts en Bourgogne. Les causes de ce déclin sont mal connues, et probablement multiples : sécheresse (en particulier celle de 1976), destruction d'habitats, introgression par le Céphale C. arcania... La combinaison de ces facteurs a réduit à néant les populations du Mélibée en marge de son aire de répartition, qui recouvre l'Europe Centrale, le sud de la Scandinavie jusqu'en Asie et au nord du Japon en passant par la Sibérie. 

Quand on a la chance de le rencontrer, il est facile à identifier avec sous ses ailes postérieures une série complète de grands ocelles noirs, pupillés de blanc et cerclés d'orange qui surmontent une bande blanche très irrégulière. 

Ses biotopes préférentiels ne sont pas rarissimes ni extrêmement particuliers : landes, tuffières, périphéries de tourbières... tous sont riches en Molinie, la graminée qui nourrit la chenille, et qui est une espèce largement répandue. 

Ce papillon est une espèce protégée, interdite à la capture. J'ai eu la grande chance de l'observer dans le Doubs, espérons que ce soit encore possible pendant de longues années ! 

Coenonympha tullia

Coenonympha tullia (O.F. Müller, 1764) : le Fadet des tourbières, le Daphnis 

Comme les deux autres espèces du genre inféodées aux milieux humides (C. oedippus et C. hero), Coenonympha tullia est un papillon très rare et localisé, et en régression ce qui lui vaut d'être protégé nationalement. On ne le trouve que dans des marais alcalins à végétation rase ou des tourbières où sa chenille consomme des Carex et des linaigrettes. En France il n'est quasiment plus présent que dans le massif Jurassien, avec des données très ponctuelles en Haute Savoie et dans les Vosges du Nord. Il figure dans les listes d'espèces de plusieurs ZNIEFF en marais alcalins du plateau de Langres, mais je ne sais pas s'il y a été vu récemment. Il a disparu depuis longtemps des plaines de Lorraine jusque dans le Pas-de-Calais. 

Dans les biotopes favorables, il faudra observer attentivement tous les Coenonympha car l'espèce est assez variable et peut être confondue avec deux autres bien plus répandues, C. glycerion et C. pamphilus. En effet, les critères caractéristiques de C. tullia sont la présence d'ocelles noirs cerclés de blanc-jaune sous l'aile postérieure, ainsi que d'une strie blanche qui remonte jusqu'à la côte (. Mais la taille et le nombre des ocelles varie beaucoup selon le sexe et d'un individu à l'autre, tout comme la strie blanche, ce qui fait que les exemplaires peu marqués ressemblent à un C. pamphilus tandis que ceux bien ornés ressemblent à un C. glycerion !  Il y a également chez C. tullia une petite ligne claire sous l'apex de l'aile antérieure qui est absente chez les deux autres espèces. A contrario, chez C. glycerion la marge des ailes postérieures est soulignée d'une ligne brune qui est absente chez C. tullia, et la tache claire n'atteint pas la côte.  

J'ai cherché ce papillon sans succès en Haute-Marne, avant de l'observer dans une tourbière du Haut Jura 

 

Coenonympha glycerion

Coenonympha glycerion (Borkhausen, 1788) : le Fadet de la mélique, l'Iphis 

Ce fadet est un hôte des prairies naturelles de basse à moyenne altitude, dans le quart nord-est de la France, les Alpes et l'est des Pyrénées. 
Il se distingue du très commun C. pamphilus par la présence sous l'aile postérieure d'une série d'ocelles pupillés et d'une tache irrégulière blanc pur. Toutefois, selon les régions le nombre et la taille des ocelles sont très variables et ont amené à la description de plusieurs sous-espèces. Dans les Alpes, la sous-espèce bertolis n'a aucun ocelle, ce qui la fait ressembler à C. pamphilus. A l'opposé, dans les Pyrénées la sous-espèce pseudoamyntas a une série complète de gros ocelles pupillés, et la marge est soulignée d'un bande orangée très nette. Cette bande peut être présente dans d'autres populations, mais plus discrète. Ces papillons des Pyrénées pourraient être une espèce distincte. 

Les formes à nombreux ocelles ressemblent fortement à une autres espèce du genre, C. tullia. Dans les très rares biotopes tourbeux où ce dernier est potentiellement présent, il se distingue par un dessin blanc grisâtre sous l'aile postérieure qui atteint la côte, et la présence d'un ou plusieurs ocelles sous l'apex de l'aile antérieure, soulignés d'un trait clair. Chez C. glycerion, il n'y a pas d'ocelle apical, ou extrêmement réduit. 

Comme touls les Coenonympha, C. glycerion ferme les ailes dès qu'il est posé, et il est quasiment impossible d'observer le recto sur un individu vivant et libre. 
 


Coenonympha arcania

Coenonympha arcania (Linnaeus, 1760) : le Céphale 

Cette belle espèce fait partie de celles qui sont encore largement distribuées en France, ce qui fera le bonheur des observateurs attentifs lors de leurs promenades en campagne en début d'été ! Le Céphale pourra être observé dans les haies, bosquets, parcelles en friche et allées forestières. Si la chenille se nourrit de graminées, l'imago aime se percher en hauteur quand il ne butine pas, d'où son lien avec ces milieux variés. Il est présent pratiquement partout en France, il est rare ou absent en Bretagne, Normandie et Pas-de-Calais, et il se raréfie avec l'altitude même s'il est cité au-delà de 2000m dans les Alpes, ce qui n'aide pas à le distinguer de C. darwiniana. Il est absent de Corse. 

Le verso des ailes est essentiellement brun orangé, avec sous les postérieures une large bande blanc pur, de largeur très irrégulière. On trouve également une série d'ocelles (normalement au nombre de 6) noirs pupillés de blanc, et cerclés d'orange. 5 constituent une ligne faiblement arquée à l'extérieur de la bande blanche, tandis que le 6e en haut est très décalé et placé du coté intérieur de la bande, vers la base de l'aile. 

Dans la plupart des régions, ce papillon est visible de fin mai jusqu'en juillet.