Euphydryas desfontainii

Euphydryas desfontainii (Godart, 1819) : le Damier de Godart, le Damier des knauties

Cette espèce fréquente l'Afrique du nord et la péninsule ibérique, avec quelques stations extrêmement localisées dans les Pyrénées Orientales et l'Aude. 

Il ressemble beaucoup au Damier de la succise E. aurinia et fréquente les mêmes biotopes, il faut être attentif à l'ornementation, notamment au dessus des ailes antérieures qui ont de petites lulules jaunes près de la marge. Au verso, la bande submarginale orange porte également une série de points noirs dans des ocelles jaunes souvent plus grands que chez E. aurinia

La plante hôte favorite des chenilles est Cephalaria leucantha en France, et Knautia arvensis dans d'autres régions. 

La météo ne m'a pas permis de voir ce papillon en France, je ne l'ai croisé qu'en Espagne.

 

Euphydryas aurinia

Euphydryas aurinia (Rottemburg, 1775) : le Damier de la Succise

C'est de loin l'espèce la plus répandue du genre, elle est potentiellement présente partout en France dans des biotopes herbeux. Mais, en réalité, elle est très localisée au sein de son aire au point de bénéficier d'une protection à l'échelle européenne. En effet, la chenille de ce papillon se nourrit sur des plantes qu'on ne trouve que dans des prairies naturelles, talus, friches... 
Le recto est assez semblable à celui de certaines femelles de Melitaea, avec une alternance de bandes brunes et orangées. En particulier, une bande submarginale orange est présente aux 4 ailes, assez large sur les ailes postérieures où il y a le plus souvent des points noirs qui peuvent faire penser à Melitaea cinxia. Le verso est par contre bien distinct des mélitées, mêlant des bandes oranges sur un fond crème. On retrouve une bande submarginale comme au recto, avec là encore une série de points noirs au centre de lunules jaunes. 
L'aire de répartition de l'espèce est très vaste, allant de la péninsule ibérique à l'Asie centrale, en passant par l'Europe tempérée et l'Afrique du nord. Au sein de cette aire, de nombreuses sous-espèces ont été décrites, qui présentent des variations d'aspect et affectionnent des biotopes différents, dont plusieurs sont présentes en France : 
- subsp. aurinia : largement répandue en plaine, hors région méditerranéenne. Chenille principalement sur Succisa pratensis, dans des biotopes frais à humides, souvent sur marnes et sur la Scabieuse colombaire Scabiosa columbaria et la Knautie des champs Knautia arvensis dans les pelouses sèches calcicoles. Dans les Landes, le chèvrefeuille commun Lonicera periclymenum semble aussi utilisé en biotope de lande humide et lisière de forêt.  
- subsp. beckeri : est des Pyrénées et péninsule ibérique, Maghreb, sur Chevrefeuille d'Etrurie Lonicera etrusca. Coloration vive et contrastée. 
- subsp. provincialis : sud des Alpes, sur Scabieuse blanche Cephalaria leucantha parfois sur Centranthus angustifolius, C. ruber. Egalement vivement colorée. 
- subsp. glaciegenita : sous-espèce montagnarde du nord des Alpes caractérisée par sa petite taille et ses couleurs ternes. Chenille sur gentianes.
- subsp. debilis : sous-espèce d'altitude dans les Pyrénées (et des Alpes pour les auteurs qui ne font pas la distinction avec la subsp. glaciegenita). Chenille sur gentianes Gentiana alpina, G. acaulis.  
- subsp. frigescens : est des Alpes de Haute Provence, sur grande gentiane Gentiana lutea.

Euphydryas cynthia

Euphydryas cynthia (Denis & Schiffermüller, 1775) - le Damier des alpages 

Ce papillon est un joyau des pelouses alpines, vers 2000m d'altitude et au-delà dans toutes les Alpes. Il est très facile de repérer et identifier le mâle, qui présente au recto une combinaison unique de noir, orange et surtout de grandes zones blanches. La femelle est plus discrète, semblable à une mélitée et surtout à celle de l'autre Euphydryas montagnard, E. intermedia, qui est beaucoup plus rare et localisé dans les Alpes du nord, à plus basse altitude. 

Au verso les deux sexes sont semblables, avec de larges bandes orangées unies qui les distinguent des mélitées. Par rapport à Euphydryas aurinia, qui peut également monter en altitude, la bande orange submarginale n'a pas de ligne de points noirs cerclés de clair, mais parfois des ocelles clairs aveugles. 

Les photos présentées ont été prises dans le Mercantour et l'Oisans. 

Euphydryas intermedia

Euphydryas intermedia (Ménétriès, 1859) Le Damier du Chèvrefeuille

Ce papillon montagnard est très semblable au Damier du frêne E. maturna, mais il occupe une aire distincte et des biotopes différents. Plutôt que les forêts de plaine, il peut se rencontrer en moyenne montagne (1000 - 2000m ) en lisière de forêt où croît le chèvrefeuille Lonicera coerulea, plante nourricière des chenilles. En France il n'est présent que de manière très localisée dans le nord des Alpes, essentiellement en Savoie, ce qui constitue l'extrême ouest de son aire de répartition qui va jusqu'en Sibérie. Il faudra y être attentif à ne pas le confondre avec une femelle de E. cynthia qui est moins contrastée. 

Je n'en ai vu pour l'instant qu'un seul exemplaire, dans le massif de Belledonne. 

Euphydryas maturna

Euphydryas maturna (Linnaeus, 1758)- le Damier du frêne 

Cette espèce a subi une réduction dramatique de son aire de répartition dans notre pays. C'est un papillon forestier, inféodé aux boisements de plaine riches en frênes, donc souvent frais et humides. La gestion forestière qui ne favorise pas le frêne, la destruction des zones humides et le réchauffement climatique se combinaient pour réduir son espace vital, et depuis quelques années une maladie cryptogamique qui décime les frênes achève de noircir les perspectives de cette espèce. 

Dans ses biotopes il peut être confondu avec des femelles de mélitées si on observe le recto. Le verso est beaucoup plus caractérisé, avec des bandes orangées largement présentes, sans points noirs dans la bande submarginale.

En France il n'y a plus qu'en Bourgogne qu'on peut avoir un espoir raisonnable de le rencontrer. Je n'en ai vu qu'un seul individu, sur le plateau de Langres il y a déjà bien longtemps.