Hemianax ephippiger

Hemianax ephippiger (Burmeister, 1839) : l'Anax porte-selle
Synonyme : Anax ephippiger

Cette espèce a une biologie particulière, liée à son habitat d'origine. C'est en effet un odonate largement répandu sur le continent Africain, où il se reproduit dans des biotopes soumis à un assèchement rapide, et par adaptation le développement larvaire est également très rapide. Un cycle complet est accompli en quelques mois, alors que pour les anisoptères européens il faut au moins un an. 

Pour la plupart des individus observés en France en début d'année, ils proviennent de flux migratoires portés par les vents du sud à travers la Méditerranée. Hemianax est en effet un grand voyageur, à titre d'exemple le seul odonate capturé en Islande - où les températures sont trop basses pour permettre la vie des libellules - était un Hemianax ! Pour ma part, le premier individu que j'ai vu et photographié tournait au-dessus d'une allée forestière dans le centre des Vosges mi-mai 2009, bien loin de la région méditerranéenne où il est généralement observé ! En général cette migration ne va pas plus loin, mais des erratiques peuvent être observés au-delà, et parfois de véritables "invasions" se produisent, comme en 2011 où des milliers (millions ?) d'individus ont migré et où l'espèce a pu être notée pour la première fois dans de nombreux départements français, jusque dans le nord du pays. C'est à cette occasion que j'ai pu croiser à nouveau quelques individus dans le Gers.

Ces migrateurs précoces vont tenter de se reproduire chez nous. En zone méditerranéenne, cette reproduction va donner une 2e génération qui va émerger vers le début du mois d'août.  En Camargue, il a pu être mis en évidence qu'un cycle de reproduction hivernal est possible, avec des émergences au mois d'avril. Le réchauffement climatique pourrait permettre à ce phénomène de devenir plus fréquent. 

Hemianax ressemble fort à A. imperator, et plus encore à A. parthenope. La silhouette est légèrement différente, avec un thorax proportionnellement plus volumineux, et des yeux plus globuleux et gros. Le mâle porte une tâche bleue en forme de selle sur le 2e segment abdominal qui tranche sur le brun du reste du corps, comme chez A. parthenope. La femelle est dans des tons bruns, avec une selle absente ou réduite, et une ombre ambrée sur les ailes. Les immatures ont une couleur de fond brun tabac que je trouve très esthétique. Comme chez A. parthenope, la ponte se fait en tandem, avec insertion des oeufs dans des végétaux flottants ou immergés.